Registre Courtepointe Québec—historique et vocation
En 1975, la célébration du bicentenaire des États-Unis fut l’occasion de se pencher sur son héritage et son histoire. On trace des arbres généalogiques, on déterre des trésors enfouis dans les greniers, on étudie les profils de migrations et d’immigration: un mot on part à la recherche des racines de tous et chacun. Divers États ont institué des programmes visant à documenter les courtepointes datant d’avant 1940 ainsi que l’historique des familles et des tissus. Par la suite, l’idée s’est répandue au Canada.
Trois courtepointières de Montréal ont relevé ce défi dès les années quatre vingt : Diane Marchand s’attachant aux statistiques, Québec ayant une réputation pour les couvre-lits tissés ; « Freddy » Wilson archivant l’histoire des courtepointes; Adaire Schlatter comparant cet art vis-à-vis les communautés francophones et anglophones. On prépare des formulaires bilingues, on met sur pied une méthodologie, et on recrute des bénévoles.
Le 7 décembre 1991, en pleine tempête de neiges, 13 courtepointes furent enregistrées au Centre communautaire de St-Lambert. Aujourd’hui le registre, mieux connu sous le nom du « livre bleu » en compte 3, 173. Ces courtepointes datent de 1726 à aujourd’hui. Certaines sont en parfait état, d’autres en ruine, toutes documentent le mouvement de base.
Quel est le processus ? Une équipe de quatre à huit bénévoles enregistrent, inspectent et photographient les courtepointes. Le groupe Hôte doit coudre les étiquettes officielles. Nous voyagerons n’importe où au Québec pour un minimum de 25 courtepointes. Le coût d’analyse de 5$ par courtepointe aide uniquement à défrayer les frais. Le Registre comporte les renseignements quant aux propriétaires et à la courtepointière. Qui ? Où ? Quand? Pourquoi ? Comment ? Parfois ces questions restent sans réponse : la courtepointe a pût être acquise à un marché aux puces, une vente aux enchères, ou dénichée dans un grenier. Parfois on retrouve la fierté d’un héritage transmis de génération en génération. Nous enregistrons le tout. Ce programme vise les courtepointes au Québec, pas nécessairement celles qui y furent complétées.
Lors de l’analyse on s’attache à bien des éléments : le design est-il original or copié d’un livre ? Les couleurs et les tissus sont un bon guide pour dater les œuvres et on examine aussi la variété des tissus. Cousu main ou à la machine ? Jusqu’à récemment 90% des courtepointes étaient faites main. La nouvelle mode dans notre société instantanée est du piqué machine.
La dernière étape est la photographie digitale des œuvres. L’usage est un fond noir encadré. La position verticale rehausse l’aspect visuel du patron. Le cas échéant, des photos du dos et les détails accompagnent le tout. Par la suite, l’étiquette est cousue à l’arrière. Lorsque les tissus sont fragiles certains musées préfèrent des étiquettes séparées. Chaque courtepointe inscrite au registre porte un numéro d’identification particulier. Chaque propriétaire d’une courtepointe inscrite au Registre reçoit un exemplaire de son enregistrement ainsi que les photos.
RCQ opère sous l’égide de CQQ, l’association provinciale des courtepointières et des groupes de courtepointe. L’institut de recherche en art canadien Gail and Stephen A. Jarislowski de l’Université Concordia abrite le registre du RCQ de la CQQ. A l’heure actuelle on numérise tous les renseignements acquis au cours des vingt dernières années qui seront donc disponibles pour fins de recherches. Registre et archives sont à la disposition du grand public pour consultation à l’Institut.
Les travaux de numérisation actuels incluent la création d’un site internet qui deviendra alors un outil de recherche. Il est à espérer que, dès la mi-mai, ce site internet permettra l’accès à une bonne partie de la banque de données y compris les photos et la description des œuvres. Le tout est en train d’être informatisé.
Pour organiser une rencontre sur le Registre de courtepointe ou pour tout enregistrement de courtepointe, communiquez avec : enregistrement-quilts-registry-cqq-ca, Irene Schachtler au (450) 671–9301 ou Louise Picard au (450) 827–2653.